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Le blogue de Bourjoi (www.bourjoi.com) sur l’Art et autres sujets
6 septembre 2008

Au sujet de la droite bleue au Canada

Il en est des mots comme des caractères.

Tous les jours nous devons valider nos perceptions.

Il en est pour les premiers comme des seconds. Il est facile de confondre l’idée que l’on s’en fait avec ce qu’ils sont réellement.

Le contenu de notre mémoire est un capital invisible accumulé d’un jour à l’autre, parfois, surtout à l’école, dans la douleur et le doute. Il est fait des milliers d’instants de notre vie qui ne reviendront jamais, que nous ne retrouverons jamais. Sa valeur étant élevée nous en faisons un grand usage.

Il est aussi évident que si nous ne connaissons pas le passé, nous ne saurons pas préparer l’avenir et risquerions de répéter les mêmes erreurs.

Historiquement, en premier lieu nous les humains qui marchent debout refusons énergiquement nos origines prosaïques. Nous avons beaucoup de blocages psychiques à accepter que d’innombrables mammifères nous accompagnent dans la marche de la vie. Nous préférons en être les maîtres. La question posée ici est de savoir comment nous pouvons être les maîtres de qui ou quoi que ce soit alors que nous ne sommes même pas maîtres de nous-mêmes?

Le Guépard sait courir à des vitesses vertigineuses, nous aussi. Juste un peu plus lentement et surtout ni de la même manière ni pour les mêmes raisons. De toute façon, le Guépard n’a que des besoins et des pulsions se traduisant en instincts.

Le Dauphin, un autre mammifère, nage à une vitesse et avec une habileté prodigieuses. Nous également, juste un peu moins véloce, et encore là; pas de la même manière et pour d’étranges motivations.

Certains mammifères s’affrontent pour protéger leur territoire ou en conquérir d’autres. Nous aussi, mais, sur ce point, là nous les battons à plate couture. Nous chérissons des justifications qu’ils ne sauraient faire valoir. Pour satisfaire de nombreux besoins, nos cousins les mammifères usent libéralement de crocs et de griffes pour toutes sortes de raisons. Surtout pour se nourrir et se défendre. Le Canada n’a jamais dépensé autant en armement. Si cela devenait  nécessaire, que ferait la petite souris de feu Pierre-Elliott Trudeau, de tout ce fer et ce plomb?

Il est pour certains de nos compagnons de vie essentiel qu’ils protègent leurs territoires et même en augmentent l’étendue. Il est là question de survie tout simplement. Nous les humains avons inventé les frontières et les cartes afin d’y mettre un terme.

Il est de la sagesse populaire de savoir que la majorité de nos amis à poils ou à plumes ne souillent pas leur tanière ou leur nid. Ils savent d’instinct qu’ils n’y survivraient pas. Là encore, nous différons beaucoup dans la manière et les mobiles. Sacrifier à Kyoto frustrerait trop les ambitions de Midas. Est-ce un hasard si, comme Vincent Marissal journaliste de LaPresse écrit samedi le 30 août 2008, « ils nagent dans le fric »?

Depuis des siècles nous tentons de trouver d’autres manières que nos compagnons les autres mammifères de faire les choses. Nous tentons d’en finir avec la peur, la méfiance, l’agressivité et surtout l’agression. Qu’enseignons-nous en premier lieu à nos petits amours si ce n’est la douceur?

Devenir humain est un long apprentissage auquel tous n’excellent pas. Même les meilleurs à certaines occasions régressent et redeviennent comme ils étaient avant d’être devenus des hommes ou des femmes dignes de ce titre.

Ils peuvent parfois également sombrer dans l’agir qui se reconnaît dans la fébrilité à trouver des gestes qui les libèrent de leurs inquiétudes. Ils se lancent dans toutes les directions et enclenchent de coûteux et contradictoires processus d’action. Décident sans comprendre et sélectionnent sans choisir. Nous connaissons tous de ces hommes et ces femmes qui, soudainement, se lancent soit dans une frénésie d’achats impulsifs ou se mettent soudainement à tout réorganiser autour d’eux ou… bref, il y a autant de manières de sombrer dans l’agir qu’il y a d’individus.

En politique, nous sommes captivés par certains mots. Des mots parapluie. Des mots tels; la gauche ou la droite. Ces mémoires à penser font office de raccourcis.

Nous désignons le chef de meute des loups par le vocable de mâle Alpha. Alpha comme dans premier de tous. Nous les humains, il me semblait, avons en démocratie d’autres manières de faire. Y a-t-il une autre manière? Notre Alpha politique actuel est-il, puisqu’il est l’Alpha, le meilleur?

Il est des nations comme des familles. En famille nous répugnons à accepter l’idée que l’un des nôtres, surtout s’il porte un veston et une cravate de soie et se croit lui-même de bonne nature, puisse nous maltraiter. Il est des nôtres, il doit être de la même substance. Il doit se chauffer du même bois. Pourtant, malgré nos certitudes nous restons surpris par ce que nous n’aurions jamais osé penser. N’oublions pas ce fils de bonne famille qui, lors d’une manifestation houleuse, tout engoncé dans son rôle de spectateur n’a pu reconnaître les risques qu’il courait et pourtant n’a pas hésité à déclarer les mesures de guerre à la première occasion(?).

J’ai plus d’une fois en cinquante-huit ans de vie entendu dire qu’on juge un arbre à ses fruits.

Voyons voir les fruits de cet arbre-là?

Dépenses militaires accrues.

Participation enthousiaste à un conflit armé outre frontière.

Durcissement des lois.

Refus de présenter son amitié à un état souverain majeur en ignorant que l’amour est plus fort que la police.

Extension du territoire vers la frontière molle du désert nordique.

Refus de soigner les victimes de la dépendance chimique comme si elles n’étaient que tarées.

Ils foulent la culture au pied comme si c’était une mauvaise graine. L’art pour eux ne peut servir qu’à leur propagande lors des grands événements ou à véhiculer leurs valeurs morales.

Dans mon vocabulaire et surtout dans ma mémoire de l’histoire passée tous ces signes annonciateurs d’une catastrophe ont déjà été vus ailleurs, sous d’autres cieux, il n’y a pas très longtemps.

Si cela a du poil, des vibrisses, des oreilles pointues, une queue, des yeux dorés et fait miaou! et que cela ressemble à un chat, on doit avoir affaire à un chat.

Cet animal qui pointe le bout frémissant de son museau ressemble étrangement au fascisme de triste mémoire. Doit-on inventer un nouveau terme?

Est-il à se réinventer?

C’est ce qui arrive à certains civilisés lorsqu’ils ne peuvent que tout contrôler et tiennent absolument à le maintenir, lorsqu’ils se sentent acculés au mur, lorsqu’ils ne peuvent qu’avoir tort et réalisent qu’ils ne sont pas les premiers entre tous. Ils régressent. Georges W. Bush chez nos voisins du sud l’a fait dans une moindre mesure, Vladimir Poutine en d’autres lieux ne cesse d’y revenir. Quelque soit les promesses, ils n’hésitent pas à trahir leur parole. La fin pour eux ne peut que justifier les moyens.

Nous croyons que la démocratie a un devoir de vigilance et se doit de reconnaître la bête dès qu’elle montre le bout de son nez.

Les Canadiens et les Québécois ne sauraient-ils plus tolérer la controverse, les divergences de vie et de pensée? Le XXIe siècle annonçant des promesses inédites, ils se réfugieraient derrière les valeurs du début du XXe siècle? 

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